La thériaque

La connaissance d'éléments de civilisation antique permet de mieux comprendre la culture antique et par là même, la nôtre.
 

La thériaque, nom féminin, est une sorte d'électuaire polypharmaque très composé dont le nom provient de sa propriété à combattre les effets des morsures des bêtes sauvages – d'après l'étymologie grecque jhriak'h –, notamment les venins des serpents. Elle fut inventée par Mithridate. Andromaque Premier, médecin de Néron, lui en prescrivit. À cette époque, on recherchait le remède universel en mélangeant un grand nombre de drogues – une centaine sous Néron. Il y avait une part très importante d'opium.

Quant à la thériaque de Galien, elle contenait toujours de la chair de vipère et des extraits de bien bon une soixantaine de plantes.
Galien, grand voyageur, permit la pénétration de l'opium en Europe. Il y avait près de soixante-quatorze drogues différentes dans la thériaque. Galien, le premier à faire un tel remède, guérissait les intoxications. Beaucoup d'épices constituaient ce médicament qui calma les maux de tête de Marc-Aurèle et qui valut à Galien le titre d'empereur des médecins gravé sur une médaille d'or.
Galien avait coutume d'appeler l'ail la thériaque des paysans.

Au Moyen Âge, la thériaque était appelée triacle. De nos jours, elle ne doit vraisemblablement plus être utilisée ; en tout cas, c'était un remède efficace pour l'estomac jusqu'au XIXe siècle.

Concluons sur ce petit quatrain que nous vante les mérites d'une panacée, ce népenthès que Homère nous livre contre la tristesse et la mélancolie.

Le népenthès d'Ovide

Nec pigeat tritum niueo cum lacte papauer
Sumere et expressis mella liquata fauis.
Cum primum cupido Venus est deducta marito
Hoc bibit, ex illo tempore nupta fuit.

Ovide, Fastes, IV, 151-154

Qu'on prenne du pavot broyé dans du lait pur
Qu'on le mêle à du miel à peine extrait.
Vénus, conduite à son mari fou de désir,
Quand elle en but, devint dès lors sa femme.

Traduction de Henri Tournier

 

Henri Tournier et Iulius répondant à Adlexi.

 

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