Fragments

Anaxagore, participant actif aux forums de langues anciennes, est l'auteur de la traduction des Fragments reconstitués du célèbre philosophe grec éponyme.

 

ΠΕΡΙ ΦΥΣΕΩΣ

[I] Simplicius, Physique, 155, 23

ὅτι δὲ Ἀ. ἐξ ἑνὸς μίγματος ἂπειρα τῶι πλήθει ὁμοιομερῆ ἀποκρίνεσθαί φησιν πάντων μὲν ἐν παντὶ ἐνόντων, ἑκάστου δὲ κατὰ τὸ ἐπικρατοῦν χαρακτηριζομένου, δηλοῖ διὰ τοῦ πρώτου ; τῶν θυσικῶν λέγων ἀπ´ ἀρχῆς ; ὅμοῦ πάντα χρήματα ἦν, ἄπειρα καὶ πλῆθος καὶ σμικρότητα ; καὶ γὰρ τὸ σμικρὸν ἄπειρον ἦν. καὶ πάντων ὁμοῦ ἐὸντων οὐδὲν ἔδηλον ἦν ὐπὸ σμικρότητος ; πάντα γὰρ ἀήρ τε καὶ αἰθὴρ κατεῖχεν, ἀμφότερα ἄπειρα ἐόντα ; τᾶυτα γὰρ μέγιστα ἔνεστιν ἐν τοῖς σύμπασι καὶ πλήθει καὶ μεγέθει´.
Qu'Anaxagore affirme que les homéoméries, illimitées par le nombre, procèdent d'un mélange unique, toutes choses étant dans le tout, chacune se caractérisant selon ce qui prédomine, est évident à la lecture des premiers mots de la Physique. Toutes les choses étaient réunies, sans limites, en quantité, et minuscules. En effet, le petit était illimité et, toutes choses étant unies, rien n'était visible en raison de sa petitesse. En effet, l'air et l'éther contenaient toutes choses, l'un et l'autre étant illimités ; en effet, au sein de chaque chose, ces derniers sont les plus importants et par la quantité et par la dimension.
 

[II] Simplicius, Physique, 155, 30

καὶ μετ’ὀλίγον ῆ καί γὰρ ἀήρ τε καὶ αἰθὴρ ἀποκρίνονται ἀπὸ τοῦ πολλοῦ τοῦ περιέχοντος, καὶ τό γε περιέχον ἄπειρόν ἐστι τὸ πλῆθος.
Et peu après : en effet, l'air et l'éther se dissocient sous l'effet du multiple ambiant, ce qui les entoure étant en quantité infinie.
 

[III] Simplicius, Physique, 164, 16

οὔτε γάρ τοῦ σμικροῦ ἐστι τὸ γε ἐλάχιστον, ἀλλ’ ἔλασσον ἀεί (τὸ γάρ ἐόν οὐκ ἐστι τὸ μὴ οὐκ εἶναι) ἀλλὰ καὶ τοῦ μεγάλου ἀεί ἐστι μεῖζον, καὶ ἵσον ἐστὶ τῶι σμικρῶι πλῆθος, πρὸς ἑαυτὸ δὲ ἕκαστόν ἐστι καὶ μέγα καὶ σμικρόν.
Car l'immensément petit n'existe pas dans le petit, mais il y a toujours un plus petit (car il n'est pas possible que l'Être soit le Non-Être). Mais pour la grandeur, il y a toujours une grandeur plus importante. D'ailleurs, elle équivaut au petit en quantité, et chaque chose est à son propre regard et grand, et petit.
 

[IV] Simplicius, Physique, 34, 28 ; 156, 1 ; 34, 21 ; 157, 9

τούτων δὲ οὕτως ἐχόντων χρὴ δοκεῖν ἐνεῖται πολλά τε καὶ παντοῖα ἐν πᾶσι τοῖς συγκρινομένοις καὶ σπέρματα πάντων χρημάτων καὶ ἰδέας παντοίας ἔχοντα καὶ χροιὰς καὶ ἡδονάς. καὶ ἀθρώπους τε συμπαγῆναι καὶ τὰ ἄλλα ζῶια ὅσα ψυξὴν ἔχει. καὶ τοῖς γε ἀνθρώποισιν εἶναι καὶ πόλεις συνωικημένας καὶ ἔργα κατεσκευασμένα, ὥσπερ παρ’ἡμῖν, καὶ ἠέλιον τε αὐτοῖσιν εἶναι καὶ σελήνην καὶ τὰ ἄλλα, ὥσπερ παρ’ἡμῖν, καὶ τῆν γῆν αὐτοῖσι φύειν πολλά τε καὶ παντοῖα, ὧν ἐκεῖνοι τὰ ὀνήιστα συνενεγκάμενοι εἰς τὴν οἴκησιν χρῶνται. ταῦτα μὲν οὖν μοι λέλεκται περὶ τῆς ἀποκρίσιος, ὅτι οὐκ ἄν παρ’ἡμῖν μόνον ἀποκριθείη, ἀλλὰ καὶ ἄλληι. πρὶν δὲ ἀποκριθῆναι ταῦτα πάντων ὁμοῦ ἐόντων οὐδὲ χροιὴ ἔδολος ἦν οὐδεμία· ἀπεκώλυε γὰρ ἡ σύμμιξις πάντων ξρημάτων, τοῦ τε διεροῦ καὶ τοῦ ξηροῦ καὶ τοῦ θερμοῦ καὶ τοῦ ψυχροῦ καὶ τοῦ λαμπροῦ καὶ τοῦ ζοφεροῦ, καὶ γῆς πολλῆς ἐνεούσης καἰ σπερμάτων ἀπείρων πλῆθος οὐδὲν ἐοικότων ἀλλήλοις. οὐδὲ γὰρ τῶν ἄλλαων οὐδὲν ἔοικε τὸ ἕτερον τῶι ἑτέρωι. τούτων δὲ οὕτως ἐξόντων ἐν τῶι σύπαντι χρὴ δοκεῖν ἐνεῖναι πάντα χρήματα.
Cela étant ainsi, il faut estimer que beaucoup de choses, et de toutes sortes, sont dans les composés, qu'elles sont les germes de toutes les choses et qu'elles contiennent toutes sortes de formes, de couleurs et de saveurs. Les hommes aussi ont été composés, ainsi que toutes les autres créatures dotées d'un âme. Des citées habitées et des œuvres conçues avec art appartenaient à ces hommes, comme chez nous, et ils avaient une lune, un soleil et d'autres astres, comme chez nous, et la terre produisait pour eux des fruits nombreux et variés. Ils récoltaient les plus utiles et s'en servaient dans leurs demeures. Ainsi, ce que j'ai dit à propos de la dissociation, je l'ai dit non seulement parce qu'elle pourrait se produire chez nous, mais aussi chez autrui. Mais avant de se séparer, le tout étant homogène, aucune couleur n'était visible. En effet la mixtion de tout, de l'humide et du sec, du chaud et du froid, du brillant et de l'obscur, de la terre dans sa totalité et des germes illimités en quantité, mais en rien semblables les uns aux autres, ne l'autorisait pas. En effet, il n'était rien d'autre qui ne semblât pas être différent pour l'autre. Cela étant ainsi, il faut penser que tout est homogène dans le Tout.
 

[V] Simplicius, Physique, 156, 9

ὅτι δὲ οὐδὲ γίνεται οὐδὲ φθείρεταί τι τῶν ὁμοιομερῶν, ἀλλ’ ἀεὶ τὰ αὐτά ἐστι, δηλοῖ λέγων·῾τούτών δὲ οὕτω διακεκριμένων γινώσκειν χρή, ὅτι πάντα οὐδὲν ἐλάσσω ἐστὶν οὐδὲ πλείω (οὐ γὰρ ἀνυστὸν πάντων πλείω εἶναι), ἀλλὰ πάντα ἴσα ἀεί’. ταῦτα μὲν οὖν περὶ τοῦ μίγματος καὶ τῶν ὁμοιομερειῶν.
Il dit manifestement qu'aucune des homéoméries n'est créée ou détruite, mais reste toujours la même. Les choses étant ainsi dissociés, il faut comprendre que rien n'est en défaut ni en excès dans le Tout (car on ne peut admettre qu'un excès existe par rapport au Tout) mais le Tout est toujours identique. Voilà donc pour ce qui touche la mélange et les homéoméries.
 

[VI] Simplicius, Physique, 164, 25

ὅτι δὲ οὐδὲ γίνεται οὐδὲ φθείρεταί τι τῶν ὁμοιομερῶν, ἀλλ’ ἀεὶ τὰ αὐτά ἐστι, δηλοῖ λέγων·῾τούτών δὲ οὕτω διακεκριμένων γινώσκειν χρή, ὅτι πάντα οὐδὲν ἐλάσσω ἐστὶν οὐδὲ πλείω (οὐ γὰρ ἀνυστὸν πάντων πλείω εἶναι), ἀλλὰ πάντα ἴσα ἀεί’. ταῦτα μὲν οὖν περὶ τοῦ μίγματος καὶ τῶν ὁμοιομερειῶν. καὶ ἀλλαχοῦ δὲ οὕτως φησί· καὶ ὅτε ἴσαι μοῖραί εἰσι τοῦ τε μεγάλου καὶ τοῦ σμικροῦ πλῆθος, καὶ οὕτως ἄν εἴη ἐν παντὶ πάντα· οὐδὲ χωρὶς ἔστιν εἶναι, ἀλλὰ πάντα παντὸς μοῖραν μετέχει. ὅτε τοὐλάχιστον μὴ ἔστιν εἶναι, οὐκ ἄν δύναιτο χωρισθῆναι, οὐδ’ ἄν ἐφ’ ἑαυτοῦ γενέσθαι, ἀλλ’ ὅπωσπερ ἀρχὴν εἶναι καὶ νῦν πάντα ὁμοῦ. ἐν πᾶσι δὲ πολλὰ ἔνεστι καἰ τῶν ἀποκρινομένων ἴσα πλῆθος ἐν τοῖς μείζοσί τε καὶ ἐλάσσοσι.
Ailleurs, il parle ainsi : puisque les parties du grand et du petit sont identiques pour la quantité, tout est dans le Tout. Il n'est pas possible que chaque chose existe séparément, mais chacune participe d'une autre. Puisque le plus petit ne peut pas exister, il ne pourra ni être séparé, ni s'engendrer ; aujourd'hui encore, le Tout forme un ensemble comme au début. En toutes choses il existe une multiplicité, et des quantités équivalentes de choses séparées existent et dans les grandes choses et dans les petites.
 

[VII] Simplicius, De caelo, 608, 23

μήποτε δὲ τὸ ἄπειρον ὡς ἡμῖν ἀπερίληπτον καὶ ἄγνωστον λέγει· τοῦτο γὰρ ἐνδείκνυται διὰ τοῦ 'ὥστε τῶν ἀποκρινομένων μὴ εἰδέναι τὸ πλῆθος μήτε 'λόγωι μήτε ἔργωι'. ἐπεὶ ὅτι τῶι εἴδει πεπερασμένα ὤιετο, δηλοῖ λέγων πάντα γιγνώσκειν τὸν νοῦν· καίτοι, εἰ ἄπειρα ὄντως ἦν, παντελῶς ἦν ἄγνωστα· ἡ γὰρ γνῶσις ὁρίζει καὶ περατοῖ τὸ γνωσθέν. λέγει δὲ ὅτι 'καὶ τὰ συμμ...ὁποῖα ἦν'
Le tout était homogène... en raison de sa petitesse. Probablement signifie-t-il que l'illimité est ce qui nous est imperceptible et inconnaissable. Ceci le montre : de sorte telle qu'il n'est pas possible de connaître la quantité des choses dissociées ni par le calcul ni par l'action. Ensuite, il montre de quelle forme il pense que sont ces limitations en disant que l'esprit connaît tout. Car si toutes choses étaient réellement sans limites, elles seraient entièrement inconnaissables. Effectivement, la connaissance définit et délimite le connu.
 

[VIII] Simplicius, Physique, 175, 11 ; 176, 28

οὐ κεχώρισται ἀλλήλων τὰ ἐν τῶι ἑνὶ κόσμωι οὐδὲ ἀποκέκοπται πελέκει οὔτε τὸ θερμὸν ἀπὸ τοῦ ψυχροῦ οὔτε τὸ ψυχρὸν ἀπὸ τοῦ θερμοῦ.
Ce qui est dans l'unité cosmique n'existe pas séparément, ni n'est dissocié par la cognée, ni le chaud du froid, ni le froid du chaud.
 

[IX] Simplicius, Physique, 35, 13

ἄκουσον δὲ οιἆ καὶ μετ’ ὀλίγον φησί τὴν ἀμφοῖν ποιούμενος σύγκρισιν · ... οὕτω τούτων περιχωρούντων τε καὶ ἀποκρινομένων ὑπὸ βίης τε καὶ ταχυτῆτος. Βίην δὲ ἡ ταχυτὴς ποιεῖ. ἡ δὲ ταχυτὴς αὐτῶν οὐδενὶ ἔοικε χρήματι τὴν ταχυτῆτα τῶν νῦν ἐόντων χρημάτων ἐν ἀνθρώποις, ἀλλὰ πάντως πολλαπλασίως ταχύ ἐστι’.
Écoute ce qu'il dit peu après, établissant une comparaison entre les deux [mixion et dissociation]. Ainsi, les choses enveloppent et sont dissociées sous l'effet de la force et de la vitesse. La vitesse donne de la force. Et la vitesse ne ressemble à aucun phénomène humain actuel, mais elle est surmultipliée.
 

[X] Shol. In Gregor, XXXVI, 911

ὁ δὲ Ἀ. παλαιὸν εὑρων δόγμα ὅτι οὐδὲν ἐκ τοῦ μηδαμῆι γίνεται, γένεσιν μὲν ἀνήιρει, διάκρισιν δὲ εἰσῆγεν ἀτὶ γενέσεως. ἐλήρει γὰρ ἀλλήλοις μὲν μεμῖχθαι πάντα, διακρίνεσθαι δὲ αὐξανόμενα. Καὶ γὰρ ἐν τῆι αὐτῆι γονῆι καὶ τρίχας εἶναι καὶ φλέβας καὶ ἀρτηρίας καὶ νεῦρα καὶ ὀστᾶ καὶ τυγχάνειν μὲν ἀφανῆ διὰ μικρομέρειαν, αὐξανόμενα δὲ κατὰ μικρὸν διακρίνεσθαι.῾πῶς γὰρ ἄν, φησίν, ἐκ μὴ τριχὸς γένοιτο θρὶξ καὶ σὰρξ ἐκ μὴ σαρκός ;᾿ οὐ μόνον δὲ τῶν σωμάτων ἀλλὰ καὶ τῶν χρωμάτων ταῦτα κατηγόρει. καὶ γὰρ ἐνεῖναι τῶι λευκῶι τὸ μέλαν καὶ τὸ λευκὸν τῶι μέλανι. τὸ αὐτὸ δὲ ἐπι τῶν πὁπῶν ἐτιθει, τῶι βαρεῖ τὸ κοῦφον σύμμικτον εἶναι δοξάζων καὶ τοῦτο αὖθις ἐκείνωι.
Anaxagore considérant l'ancienne théorie qui dit que rien ne naît du néant supprima le concept de génération et mit à la place la dissiociation. Il déraisonnait en disant que tout est mélangé, et est dissocié en s'accroissant. Car dans une même semence se trouvent cheveux, ongles, veines, artères, nerfs et os, invisibles en raison de leur parcellisation, mais s'accroissant progressivement pour être divisés. Car comment serait-il possible, déclare-t-il, que le cheveu fût engendré du non-cheveu et la chair de la non-chair ? Cela vaut non seulement pour le corps, mais aussi pour les couleurs. Car le noir existe dans le blanc, et le blanc dans le noir. De même pour ce qui touche aux poids, il suppose que le léger est mélangé au lourd et inversement le lourd au léger.
 

[XI] Simplicius, Physique, 164, 22

λέγει δὲ σαφῶς, ὅτι ἐν παντὶ παντὸς μοῖρα ἔνεστι πλὴν νοῦ, ἔστιν οἶσι δὲ καὶ νοῦς ἔνι’.
Il dit clairement qu'en tout se trouve enfermé une partie du Tout, en dehors de l'Esprit ; mais certaines choses contiennent aussi l'Esprit.
 

[XII] Simplicius, Physique, 164,24 ; 156,13 ; Vgl.16,32

τὰ μὲν ἄλλα παντὸς μοῖραν μετέχει, νοῦς δέ ἐστιν ἄπειρον καὶ αὐτοκρατὲς καὶ μέμεικται οὐδενὶ χρήματι, ἀλλὰ μόνος αὐτὸς ἐπ’ἐωυτοῦ ἐστιν. εἰ μὴ γὰρ ἐφ’ἑαυτοῦ ἦν, ἀλλά τεωι ἐμέμεικτο ἄλλωι, μετεῖχεν ἄν ἁπάντων χρημάτων, εἰ ἐμέμεικτο τεωι · ἐν παντὶ γὰρ παντὸς μοῖρα ἔνεστιν, ὥσπερ ἐν τοῖς πρόσθεν μοι λέλεκται · καὶ ἄν ἐκώλυεν αὐτὸν τὰ συμμεμειγμένα, ὥστε μηδενὸς χρήματος κρατεῖν ὁμοίως ὡς καὶ μόνον ἐόντα ἐφ’ἑαυτοῦ. ἔστι γὰρ λεπτότατόν τε πάντων ξρημάτων καὶ καθαρώτατον, καὶ γνώμην γε περὶ παντὸς πᾶσαν ἴσχει καὶ ἰσχύει μέγιστον · καὶ ὅσα γε ψυχὴν ἔχει καὶ τῆς περιχωρήσιος τῆς συμπάσης νοῦς ἐκράτησεν, ὥστε περιχωρησαι τὴν ἀρχήν. καὶ πρῶτον ἀπό του σμικροῦ ἤρξατο περιχωρεῖν, ἐπὶ δὲ πλέον περιχωρεῖ, καὶ περιχωρήσει ἐπὶ πλέον. καὶ τὰ συμμισγόμενά τε καὶ ἀποκρινόμενα καὶ διακρινόμενα πάντα ἔγνω νοῦς. καὶ ὁποῖα ἔμελλεν ἔσεσθαι καὶ ὁποῖα ἦν, ἅσσα νῦν μὴ ἔστι, καὶ ὅσα νῦν ἐστι καὶ ὁποῖα ἔσται, πάντα διεκόσμησε νοῦς, καὶ τὴν περιχώρησιν ταύτην, ἥν νῦν περιχωρέει τὰ τε ἄστρα καὶ ὁ ἥλιος καὶ ἡ σελήνη καὶ ὁ ἀὴρ και ὁ αἰθὴρ οἱ ἀποκρινόμενοι. ἡ δὲ περιχώρησις αὐτὴ ἐποίησεν ἀποκρίνεσθαι. καὶ ἀποκρίνεται ἀπό τε τοῦ ἀραιοῦ τὸ πυκνὸν καὶ ἀπὸ τοῦ ψυχροῦ τὸ θερμὸν καὶ ἀπὸ τοῦ ζοφεροῦ τὸ λαμπρὸν καὶ ἀπὸ τοῦ διεροῦ τὸ ξηρὸν. μοῖραι δὲ πολλαὶ πολλῶν εἰσι. παντάπασι δὲ οὐδὲν ἀποκρίνεται οὐδὲ διακρίνεται ἕτερον ἀπὸ τοῦ ἑτέρου πλὴν νοῦ. νοῦς δὲ πᾶς ὅμοιος ἐστι και ὁ μείζων καὶ ὁ ἐλάττων. ἕτερον δὲ οὐδὲν ἐστι ὅμοιον οὐδενί, ἀλλ’ὅτων πλεῖστα ἔνι, ταῦτα ἐνδηλότατα ἕν ἕκαστόν ἐστι καὶ ἦν.
Les autres choses participent à une partie de chaque chose, mais l'esprit, lui, est sans limites, tout-puissant, ne se mélange à rien, mais existe seul et par lui-même. Car s'il n'existait pas par lui-même mais se mélangeait à l'Autre, il participerait à toutes choses, en se mélangeant à une seule. Car en tout se trouve une partie du Tout comme je l'ai dit précédemment. De plus, ce à quoi il est mêlé s'opposerait à lui de sorte qu'il ne pourrait gouverner chaque chose similairement à la manière dont il exerce son pouvoir selon sa seule existence et par soi. En effet, il est la plus fluide et la plus pure de toutes les choses. Il dispose de l'intelligence globale de tout et immense est sa puissance. Tout ce qui dispose d'une âme, grand ou petit, c'est l'Esprit qui le domine. Et l'Esprit a exercé son pouvoir sur l'universelle giration de sorte qu'il en est à l'origine. L'origine de cette giration a été petite, puis elle s'accentue et s'accentuera davantage. L'Esprit a connu toutes les choses, les mélanges, les dissociatoins et les états séparés. Et ce qui s'apprêtait à être, et ce qui était, autant que ce qui n'est pas maintenant ou est actuellement et sera demain, tout cela l'Esprit l'a agencé : la révolution que poursuivent désormais les astres, le soleil, la lune, l'air et l'éther, une fois dissociés. Cette même giration a produit la dissociation. Le dense se dissocie du rare, le chaud du froid, le brillant de l'obscur, le sec de l'humide. Les multiples choses ont des parties multiples. Rien n'existe dissocié ou à l'état séparé d'une autre chose, hors l'Esprit. L'Esprit est tout entier homogène. Il est à la fois grand et petit. Par ailleurs, nulle chose n'est semblable à une autre, mais chaque chose unique est et a été constituée de celles qui étant en elles étaient les plus visibles.
 

[XIII] Simplicius, Physique, 300,27 ; Aristote, Physique, B2

Ἀναξαγόρου δέ, φησὶν ἀλέξανδρος, οὐκ ἐμνημόνευσε καίτοι τὸν νοῦν ἐν ταῖς ἀρχαῖς τιθέντος, ἴσως, φησίν, ὅτι μὴ προσχρῆται αὐτῶι ἐν τῆι γνέσει'. ἀλλ'ὅτι μὲν προσχρῆται, δῆλον, εἴπερ τὴν γένεσιν οὐδεν ἄλλο ἢ ἔκκρισιν εἶναί φησι, τὴν δὲ ἔκκρισιν ὑπὸ τῆς κινήσεως γίνεσθαι, τῆς δὲ κινήσεως αἴτιον εἶναι τὸν νοῦν. λέγει γὰρ οὕτως Ἀναξαγόρας. καὶ ἐπεὶ ἢρξατο ὁ νοῦς κινεῖν, ἀπὸ τοῦ κινουμένου παντὸς ἀπεκρίνετο, καὶ ὅσον ἐκίνησεν ὁ νοῦς, πᾶν τοῦτο διεκρίθη · κινουμένων δὲ καὶ διακρινομένων ἡ περιχώρησις πολλῶι μᾶλλον ἐποίει διακρίνεσθαι.
Il n'a pas fait mention d'Anaxagore, dit Alexandre, alors qu'il pose l'esprit dans les principes ; peut-être, le dit-il car il ne le fait pas agir dans la génération. Mais il est clair qu'il le fait agir puisqu'il affirme que la génération n'est rien d'autre que la dissociation, que la dissociation naît du mouvement et que l'esprit est la cause du mouvement. Anaxagore dit en effet : lorsque l'Esprit commença à produire un mouvement, il se sépara du Tout qui était mû, et tout ce que l'Esprit mettait en mouvement fut objet de dissociation, et en même temps que se déroulait le processus dissociatif, la giration accrut davantage ce dernier phénomène.
 

[XIV] Simplicius, Physique, 167,5

ὅτι δὲ διττήν τινα διακόσμησιν ὑποτίθεται, τὴν μὲν νοεράν, τὴν δὲ εἰσθητὴν ἀπ' ἐκείνης [γεγονυῖαν], δῆλον μὲν καὶ ἐκ τῶν εἰρημένων, δῆλον δὲ καὶ ἐκ τῶνδε · ὁ δὲ νοῦς, ὅς ἀεί ἐστι, τὸ κάρτα καὶ νῦν ἐστιν ἵνα καὶ τὰ ἄλλα πάντα, ἐν τῶι πολλῶι περιέχοντι καὶ ἐν τοῖς προσκριθεῖσι καὶ ἐν τοῖς ἀποκεκριμένοις.
Anaxagore émet l'hypothèse d'une double organisation du monde, l'une noétique, l'autre sensible, issue de la première. C'est manifeste et dans ce que je viens de dire et dans ceci : « L'Esprit, qui existe toujours, est dans le lieu où sont les extrémités, et tout le reste dans le multiple environnant, dans ce qui est issu de la mixion, et dans ce qui est dissocié. »
 

[XV] Simplicius, Physique, 179, 3

τὸ μὲν πυκνὸν καὶ διερὸν καὶ ψυχρὸν καὶ τὸ ζοφερὸν ἐνθάδε συνεχώρησεν, ἔνθα νῦν [ἡ γῆ], τὸ δὲ ἀπαιὸν καὶ τὸ θερμὸν καὶ τὸ ξηρὸν ἐξεχώρησεν εἰς τὸ πρόσω τοῦ αἰθέρος.
Le dense, l'humide, le froid et l'obscur sont réunis ici-bas là où est la terre, tandis que le rare, le chaud et le sec se sont installés vers la partie la plus lointaine de l'éther.
 

[XVI] Simplicius, Physique, 179, 6

ἀπὸ τουτέων ἀποκρινομένων συμπήγυται γῆ · ἐκ μὲν γὰρ τῶν νεφελῶν ὕδωρ ἀποκρίνεται, ἐκ δὲ τοῦ ὕδατος γῆ, ἐκ δὲ τῆς γῆς λίθοι συμπήγνυνται ὑπὸ τοῦ ψυχροῦ, οὗτοι δὲ ἐκχωρέουσι μᾶλλον τοῦ ὕδατος.
La terre s'agrège à partir de choses dissociées. L'eau se dissocie des nuages, la terre de l'eau, et issues de la terre, les roches se constituent par condensation sous l'effet du froid, et les pierres, davantage que l'eau, tendent à se désagréger.
 

[XVII] Simplicius, Physique, 163, 18

σᾶφῶς δὲ Ἀ ἐν τῷ πρώτῳ τῶν Φυσικῶν τὸ γίνεσθαι καὶ ἀπόλλυσθαι συγκρίνεσθαι καὶ διακρίνεσθαι λέγει γράφων οὕτως · τὸ δὲ γίνεσθαι καὶ ἀπόλλυσθαι οὐκ ὀρθῶς νομίζουσιν οἱ Ἕλληνες · οὐδεν γάρ χρῆμα γίνεται οὐδὲ ἀπόλλυται, ἀλλ’ ἀπὸ ἐόντων χρημάτων συμμίσγεται τε καὶ διακρίνεται. καὶ οὕτως ἂν ὀρθῶς λαοῖεν τό τε γίνεσθαι συμμίσγεσθαι καὶ τὸ ἀπόλλυσθαι διακρίνεται.
Anaxagore dit clairement au livre premier de sa Physique que naître et mourir reviennent à s'agréger et à se désagréger ; il le dit dans cet écrit : « Les Grecs ne se représentent pas correctement la naissance et la mort : rien ne se crée, rien ne se perd, mais tout se mélange et se dissocie à partir de ce qui est. Ainsi appellerait-on correctement agrégation la naissance et désagrégation la mort. »
 

[XVIII] Plutarque, De facie in orbis luna

ὁ μὲν οὖν ἑταῖρος ἐν τῇ διατριβῇ τοῦτο δὴ τὸ Ἀναξαγόρειον ἀποδεικνύς, ὡς ἥλιος ἐντίθησι τῇ σελήνῃ τὸ λαμπρὸν, εὐδοκίμησεν.
Le soleil donne à la lune sa clarté.
 

[XIX] Scholi. Hom. BT.

Ἀναξαγὸρας δέ φησιν · Ἶριν δὲ καλέομεν τὸ ἐν ταῖς νεφέλαῖς ἀντιλάμπον τῷ ἡλίῳ. χειμῶνος οὖν ἐστι σύμβολον · τὸ γὰρ περιχεόμενον ὕδωρ τῷ νέφει ἄνεμον ἐποίησεν ἢ ἐξέχεεν ὄμβρον.
Anaxagore déclare : « Nous nommons Iris ce que le soleil réfléchit sur les nuages. C'est le signe de la tempête. De fait, l'eau qui enveloppe le nuage produit en règle générale du vent ou fait tomber la pluie. »
 

[XX] Galen. in Hippocr. de aëre aqu. loc.

Le texte n'est pas disponible.
 

[XXI] Sextus Empiricus, VII, 90

ὁ μὲν φυσικώτατος Ἀναξαγόρας ὡς ἀσθενεῖς διαβάλλων τὰς αἰσθήσεις ὑπ’ ἀφαυρότητος αὐτῶν, φησὶν, οὐ δυνατοί ἐσμεν κρίνειν τἀληθές, τίθησί τε πίστιν αὐτῶν τῆς ἀπιστίας τὴν παρὰ μικρὸν τῶν χρωμάτων ἐξαλλαγὴν. εἰ γὰρ δύο λάβοιμεν χρώματα, μέλαν καὶ λευκὸν, εἶτα ἐκ θατέρου εἰς θάτερον κατὰ σταγὸντα παρεκχέοιμεν, οὐ δυνήσεται ἡ ὄψις διακρίνειν τὰς παρὰ μικρὸν μεταβολάς, καίπερ πρὸς τὴν φύσιν ὑποκειμένας.
Anaxagore, le plus grand des physiciens rejetant les perceptions sensorielles en raison de leur faillibilité, dit que nous ne pouvons juger du vrai ; il appuie sa conviction en leur défaut de crédibilité sur le dégradé insensible des couleurs. Effectivement, si nous prenions deux couleurs, le noir et le blanc, et que nous versions goutte à goutte de l'une dans l'autre, la vision ne serait pas capable de distinguer leurs modifications progressives, bien qu'existant réellement.
 

[XXIa] Sextus Empiricus, VII, 140

Διότιμος δὲ τρία κατ’ αὐτὸν ἔλεγεν εἶναι κριτήρια, τῆς μὲν τῶν ἀδήλων καταλήψεως τὰ φαινόμενα. ὄψις γὰρ τῶν ἀδήλων τὰ φαινόμενα, ὥς φησιν Ἀναξαγόρας, ὅν ἐν τούτῳ Δημόκριτος ἐπαινεῖ κτλ.
 

[XXIb] Plutarque, De fort

ἀλλ’ ἐν πᾶσι τούτοις ἀτυχέστεροι τῶν θηρίων ἐσμὲν, ἐμπειρίαι δὲ καὶ μνήμῃ καὶ σοφίᾳ και τέχνῃ κατὰ Ἀναξαγόραν σφῶν τε αὐτῶν χρώμεθα καὶ βλίττομεν καὶ ἀμέλγομεν καὶ φέρομεν καὶ ἄγομεν συλλαμβάνοντες.
Ce qui est visible ouvre nos regards sur l'invisible.
 

[XXII] Athénée, epit. B

Ἀναξαγόρας ἐν τοῖς Φυσικοῖς τὸ καλούμενόν φησιν ὄρνιθος γάλα τὸ ἐν τοῖς ὠιοῖς εἶναι λευκὸν.
Anaxagore dit dans sa Physique que ce que nous nommons lait d'oiseau est en réalité du blanc d'œuf.
 

Commentaires

Il convient de bien distinguer μίγμα qui signifie « mélange », c'est-à-dire le mélange en tant qu'état ou résultat de l'action de mélanger et σύμμιξις qui désigne l'action de se mélanger elle-même. Il faut donc supposer que le Tout homogène du fragment IV est dynamique. J'émets donc l'hypothèse que c'est le mouvement initial de mélange qui ne permet pas aux sens de faire des distinctions entre couleurs, températures et brillances. De ce point de vue, Anaxagore se rapproche des Éléates qui voyaient dans le non-être, c'est-à-dire le mouvement, l'incapacité de nos sens à percevoir le vrai.

Le lecteur peut s'étonner à la lecture du fragment I, puisque le terme utilisé désigne un état. Il faut donc qu'il y ait eu un moteur pour passer du μίγμα à la σύμμιξις. Cela dit, l'ordre des notions n'est pas évident puisque, comme je l'ai dit, μίγμα, s'il désigne le résultat de l'action, est nécessairement postérieur à la σύμμιξις. Dans tous les cas de figure, cela n'écarte pas pour autant la question de l'origine du mouvement et cela me semble donc l'occasion de mettre en cause l'existence du νους, c'est-à-dire de l'Esprit. On remarque qu'au fragment VIII de son ouvrage De la nature, Empédocle use du terme de μιξις ; vraisemblablement, il entend par là une sorte de bouillonnement similaire à celui produit par un « mixer » (que le lecteur me pardonne cette métaphore) puisque, immédiatement après, il use du terme de διάλλαξις, c'est-à-dire « réconciliation ». Il s'agit donc d'un mouvement violent. La parenté entre les deux philosophes m'a paru suffisamment notable pour que j'en fasse part ici.

 

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