Calepins I à IX

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Index des Calepins

Jocus I : Internet

Barbulus. — Ecquid ? Latinam linguam adhuc vivere ? Surdum fieri malim quam talia audire. Quomodo « Internet » Latine reddis ?

Cucullus. — Sicut Gallice. Machinam solvo.


Barbulus. — Comment ? Le latin une langue toujours vivante ? Vaut mieux être sourd que d'entendre ça. Et comment rends-tu « Internet » en latin ?

Cucullus. — Comme en français, je me déconnecte.

Jocus II : Contrepèterie

Joculus. — Scisne, Cuculle, quid antistropha sit ?

Cucullus. — Nescio, carissime Jocule.

Joculus. — Papae ! Modus jocandi est ut litterae vel syllabae quae alia verba producant commutentur. Sic per antistropham pallidus codex calidus podex factus est.

Cucullus. — Ho ho ho ! Renes, dum doces, pubescunt !


Joculus. — Hé Cucullus, tu sais ce qu'est une contrepèterie ?

Cucullus. — Non, très cher Joculus.

Joculus. — Bah ! Il s'agit d'un jeu de mots où, par permutation de lettres ou de syllabes, on produit d'autres mots. Ainsi, par contrepèterie, un mot grec devient un gros mec.

Cucullus. — Ah ah ah ! Ces cas incitent à l'humour.

Jocus III : Musique

Barbulus. — Libellum, cujus scriptor musicam praesentiorem et nimis assiduam adesse questus est, de musicae odio legere coepi.

Cucullus. — Quis musicam odi potest ? Unde querellae ?

Barbulus. — Quod si musica modice audita, ut dicunt, mores temperat, ubique ac semper audita animos distendit tantumque ne cogites impedit ut ad numerum sicut automaton agiteris ! Sic nos, animis delenitis et distractis, servituti maturos esse videtur. Nam sine musica in macellis obsonare et sine musica per cryptoporticus hypogeaque deambulare et sine musica in thermopoliis bibere et sine musica in tavernis cenare et sine musica in officiis laborare et sine musica medicum exspectare et, pro deum hominumque fides, in ecclesiis ut tacito corde oraremus sedere sine musica noniam possumus...

Cucullus. — Commodius faceres, si ex auribus coambulatoria auferres...


Barbulus. — Je me suis mis à lire le livre La haine de la Musique dont l'auteur se plaint de la présence incessante de la musique.

Cucullus. — Qui peut détester la musique ? D'où proviennent ces plaintes ?

Barbulus. — S'il est vrai qu'à petite dose la musique adoucit les mœurs, comme on dit, en revanche entendue toujours et partout, elle nous distrait et nous empêche de réfléchir au point qu'on avance en cadence comme des automates ! Ainsi, l'esprit charmé et distrait, nous semblons être mûrs pour l'esclavage. En effet, nous ne pouvons faire nos achats au marché sans musique, sans musique nous ne pouvons nous promener dans les galeries fermées et les corridors du métro, nous ne pouvons pas boire un pot au café sans musique, sans musique point de dîner au restaurant, nous ne travaillons pas sans musique, il faut de la musique dans la salle d'attente du médecin et même, bonté divine, nous ne pouvons nous asseoir dans une église pour prier en silence sans de la musique...

Cucullus. — Tu ferais mieux d'arrêter ton balladeur...

Jocus IV : Devinette

Joculus. — Si taeterrima voce dico :
« Atque ensis properat minus ad vitam resecandam
Quam haec extrema venena ad nos allata petentes. »
Quis sum ?

Cucullus. — Obvium ! Narcissus es in Britannico.

Joculus. — Primae classis, Hercle, poetas scis !

Cucullus. — Minime gentium ! Sed versus codice aperto pronuntiasti.


Joculus. — Si de la plus sinistre des voix je dis :
« Et le fer est moins prompt pour trancher une vie
Que le nouveau poison que sa main me confie. »
Qui suis-je ?

Cucullus. — Facile ! Tu es Narcisse dans Britannicus.

Joculus. — Par Hercule, tu sais tes classiques !

Cucullus. — Le moins du monde ! Mais tu récites à livre ouvert.

Jocus V : Protection

Polymnesta. — He Cuculle, qua re domum filis ferreis uncinatisque circumdedisti et in hortuli caespitem titulos « Cave canem » huc atque illuc innumerabiles fixisti et intro tuguriolum, dum incudem contundis, dignos Aetna et Vulcani officinis strepitus facere incepisti ?

Cucullus. — Proximae Aeoli irae non imparatum me offendent !


Polymnesta. — Hé Cucullus, pourquoi as-tu entouré ta maison de fils de fer barbelés, pourquoi sur la pelouse de ton jardin as-tu planté partout et en grand nombre des panneaux « Attention au chien » et t'es-tu mis à faire un boucan digne de l'Etna et des forges de Vulcain en frappant l'enclume dans ton débarras ?

Cucullus. — Les prochaines colères d'Éole ne me surprendront pas !

Jocus VI : Chien ou femme ?

Polymnesta. — Canes dicuntur fidissimi comites.

Barbulus. — Ita est. Et feminae dicuntur malum necessarium.

Polymnesta. — Sed, Barbule carissime, inter canum fidelitatem et feminarum qualitates quas optas ?

Barbulus. — Non est optio, nam canis vel fidissimus numquam vestes et vasa lavabit.

Polymnesta. — Truncus, ecastor, es qui morum et rerum progressus nescis ! Nunc, o vetus bustum, aptae ad vasa lavanda machinae sunt et viri socias et pares in amore et aequales feminas requirunt !

Barbulus. — Haec est solitudinis causa... Utinam machinas ad vasa lavanda fuisse scivissem, canem habuissem !


Polymnesta. — On dit que les chiens sont des compagnons très fidèles.

Barbulus. — Oui. On dit aussi que les femmes sont un mal nécessaire.

Polymnesta. — Mais, mon cher Barbulus, entre la fidélité des chiens et les qualités des femmes, que choisis-tu ?

Barbulus. — Il n'y a pas de choix : le chien, même le plus fidèle, jamais ne fera ma lessive ni ma vaisselle.

Polymnesta. — Par Castor, quelle souche es-tu, toi qui ignores les progrès des mœurs et des choses ! De nos jours, vieux tombeau, il y a des machines pour laver la vaisselle, et les hommes recherchent des femmes complices qui leur soient égales en amour !

Barbulus. — Voici donc la raison de ma solitude... Si j'avais su qu'il existait des machines à laver la vaisselle, j'aurais eu un chien !

Jocus VII : Lecture heureuse

Polymnesta. — Heu ! Heu !

Cucullus. — Unde illae lacrimae ?

Polymnesta. — Est musicus et agricola et magister qui posteaquam de vomere lapsus est costis laborat...

Cucullus. — Quid tum ? Num tuus est ?

Polymnesta. — Minime, ecastor, sed dolorem metuens Chartos Cucullos legere recusavit.

Cucullus. — O fortunatos nimium, sua si bona norint, agricolas !


Polymnesta. — Ouin ! Ouin !

Cucullus. — D'où proviennent ces larmes ?

Polymnesta. — Il y a un musicien, paysan, professeur, qui, après être tombé d'un tracteur, a mal aux côtes...

Cucullus. — Et alors ? Il est de ta famille ?

Polymnesta. — Non, par Castor, mais craignant la douleur, il refuse de lire les Calepins de Cucullus.

Cucullus. — Trop heureux les paysans s'ils connaissent leur bonheur !

Jocus VIII : Téléphone

Cucullus. — Telephonae fabulam magistro duce legi...

Joculus. — Telephonae fabulam ?

Cucullus. — Telephonae, Hercule ! Illa dea quae per semestre spatium cum Plutone et anni reliquum cum matre Cerere vivit.

Joculus. — Ho ho ho ! Non Telephona vocatur sed Persephona !

Cucullus. — Suspicor me in legendo telephonice vocatum.


Cucullus. — Sous la conduite de mon prof, j'ai appris la fable de Téléphone...

Joculus. — La fable de Téléphone ?

Cucullus. — De Téléphone, par Hercule ! La fameuse déesse qui vit six mois avec Pluton et le reste de l'année avec Cérès sa mère.

Joculus. — Ha ha ha ! Elle ne s'appelle pas Téléphone mais Perséphone !

Cucullus. — J'ai dû recevoir un coup de fil pendant le cours.

Jocus IX : Plus savante

Polymnesta. — A foro Graeco, ecastor, condito, longe nunc doctior facta sum !

Cucullus. — Certum est ! Graecis sapientissimi philosophi et pulcherrima lingua et veterrimus splendidissimusque cultus erant.

Polymnesta. — Omnino erras ! Nunc demum doctior in re informatica sum.


Polymnesta. — Depuis la création d'un forum sur le grec, par Castor, je suis devenue de loin plus savante.

Cucullus. — C'est sûr ! Les Grecs avaient des philosophes très sages, une très jolie langue, une civilisation très ancienne et très resplendissante.

Polymnesta. — Tu te trompes complètement ! Je suis maintenant enfin plus savante en informatique.

 

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