Polymnesta
Nunc electronico connexu reperi forum
Et ibidem, ecastor, diligenter litteris
Latinis quidam fervidissimi student !
Barbulus
Aliud curo.
Polymnesta
Cur te curare aliud dicis ?
Barbulus
Qua re nobis nihil hoc forum, Hercule, interest.
Nec sum magister neque discipula es pustulans.
Polymnesta
Es truncus ! In hoc foro conscribunt nuntia
Et praecellentia. Plerosque autem non pudet
Discere, cum pauci conscribere aliquid velint
Sed censeo ut mox numero nuntii augeant...
Agedum ! electronico connexu redeo forum.
Barbulus
Felix quae causas rerum cognoscere potest.
Polymnesta. — J'ai trouvé, par connexion électronique, un forum ; et là, par Castor, certains passionnés s'appliquent aux lettres latines avec zèle !
Barbulus. — Je m'occupe à autre chose !
Polymnesta. — Pourquoi dis-tu que tu t'occupes à autre chose ?
Barbulus. — Parce que ce forum, par Hercule, ne nous intéresse en rien. Je ne suis pas prof et tu n'es pas une élève boutonneuse.
Polymnesta. — Tu es une bûche ! Sur ce forum ils postent des messages, et fort excellents. La plupart n'ont pas honte d'apprendre, bien que peu veuillent inscrire quelque chose ; mais je pense que bientôt les contributeurs augmenteront en nombre... Allez hop ! Je me reconnecte au forum.
Barbulus. — Heureuse celle qui peut connaître les causes des choses.
Cucullus
Polymnesta audi ! Tullia misit epistulam
Latinam eodem morbo, qui nos movit, haec
Commota.
Polymnesta
Dixeram ego nos mox epistulas
Fori mirari. Nemo enim cessit foro.
Cucullus. — Écoute Polymnesta ! Tullia a envoyé un post en latin, prise du même mal qui nous agite.
Polymnesta. — Je l'avais dit, moi, que bientôt les lettres du forum nous surprendraient. Personne, en effet, n'y fait banqueroute.
Joculus
Tabulam amplo emi quadam in Platea...
Polymnesta
An Lutetiae ?
Joculus
Lutetiae, pol !
Polymnesta
Num in Platea circumdata... ?
Joculus
Quadrata est quamquam porticibus circumdata est !
Polymnesta
Papae ! an Vosegus ?
Joculus
Tu nostin ?
Polymnesta
Ego Maxime !
Verum dic mihi ! Utrum censebis tua in domo
Tabulam servare an cuidam eam donum dare ?
Joculus
Tui fui non immemor.
Polymnesta
Quin dona fers
Talia cui noxit ? Mene ludibrio jam habes ?
Joculus
At graphica es !
Polymnesta
Inde cogitasti istam dare !
Quod verbero es, quid mox tibi dem conjice !
Joculus. — J'ai acheté à grand prix un tableau sur une place...
Polymnesta. — À Paris ?
Joculus. — À Paris, pour sûr !
Polymnesta. — Et sur une place entourée... ?
Joculus. — Elle est carrée bien qu'elle soit entourée de colonnades !
Polymnesta. — Peste ! est-ce la Place des Vosges ?
Joculus. — Tu connais ?
Polymnesta. — Je ne connais qu'elle ! Mais, dis-moi, penseras-tu conserver ton tableau chez toi, ou en faire cadeau à quelqu'un ?
Joculus. — Je me suis souvenu de toi.
Polymnesta. — Que ne fais-tu de tels cadeaux à qui t'est nuisible ? Te fous-tu de moi ?
Joculus. — Mais tu es à peindre !
Polymnesta. — Et ainsi tu as songé à m'offrir cette croûte ! Mais comme tu es à pendre, devine ce que je vais t'offrir !
Barbulus
Cuculle salvus sis ! Mihi nonnulli ferunt
In tota tela te titulos inquirere
Rarissimosque.
Cucullus
Quaero et scire jam potes ?
Revera scripta quaero non quae rara sint
Sed scripta quae nemo hominum linguam in Gallicam
Converterit.
Barbulus
Laudo ! Ubinam invenies talia ?
Cucullus
Sabini ternas nesciresne litteras ?
Barbulus
Cum omnes cognossent illas esse proditas
a quodam veterum scriptorum pronissimo !
Men nescientem litterarum crederes ?
Cucullus
Malus Sabinus, Hercle, prodest nemini !
Barbulus. — Salut Cucullus ! Certains me racontent que tu recherches sur tout le web des ouvrages, et des plus rares.
Cucullus. — J'en cherche et tu peux déjà le savoir ? En vérité, je ne recherche pas des écrits qui soient rares, mais des écrits que personne du tout n'aurait traduit en français.
Barbulus. — Bravo ! Mais où donc trouveras-tu de tels ouvrages ?
Cucullus. — Ne connaîtrais-tu pas les trois lettres de Sabinus ?
Barbulus. — Alors que tout le monde sait qu'elles ont été affichées par un amateur de vieux écrits ! Me prendrais-tu pour un ignorant des lettres ?
Cucullus. — Par Hercule, le mauvais Sabinus ne profite à personne !
Joculus. — Salve sis, mi Cuculle ! Pro Dei immortales ! Qua re magno in maerore esse videris ?
Cucullus. — Mane, etenim magistra ludi nostra aegrotans venire non potuit, novus grammaticus in angulum nostrum adiit. Nobisque auditionem generis novi fecit.
Joculus. — Novi generis ? Quid dicere vis ?
Cucullus. — Seleuc... soloc... seleucenos ex animo insequitur.
Joculus. — Nonne solecismos dicere voluisti ?
Cucullus. — Probe ! Id dicere volui.
Joculus. — Burdigalensisne esset ?
Cucullus. — Minime gentium ! Cum Medeae fabulae studeremus, quis de nobis Jasonis auratam pellem eripientis fabulam sciat petiit. Ego stupidus digitum sustuli, cum mictum exire vellem, sed, gestu male intellecto, mihi Jasonis fabula dicenda. Haud male autem, ut facile sentis, finxi at tamen satis bene rei memineram ut rectam et cohaerentem fabulam nectere possem. Malum et maximum draconem, custodem aurati velleris, ex ore ignem exspuisse Jasonemque illum, Medea adjuvante, lapide jacto inter milites, qui omnes ad unum alii alios necarent, quondam a dentibus in terra sparsis genitos, satis fortunatum fuisse ut auratum vellus caperet. Sed, eodem tempore, cum fabulae finem facerem, dixi me non meminisse quid de vellere fecisset. « Solecismum, scelestissime, fecisti ! », inquit grammaticus adeo iratus ut Seneca ipse in libro de ira eum proponere potuerit. « Non purae latinitatis », inquit iste, « est dicere : quid devellere fecit. Rectius dixisses : quid fecit ut devellat. »
Joculus. — Salut, mon cher Cucullus. Mon dieu ! Pourquoi as-tu l'air si triste ?
Cucullus. — Ce matin, notre maîtresse tombée malade n'ayant pas pu venir, un nouveau maître arriva dans notre salle de classe. Et il nous fit un cours d'un genre nouveau.
Joculus. — D'un genre nouveau ? Que veux-tu dire ?
Cucullus. — Il pourchasse de tout son cœur les seleuc... les soloc... les séleucides.
Joculus. — Ne veux-tu pas plutôt dire les solécismes ?
Cucullus. — Bravo ! C'est ce que je voulais dire.
Joculus. — Serait-il de Bordeaux ?
Cucullus. — Le moins du monde ! Comme nous étudiions la légende de Médée, il demanda qui parmi nous connaissait le mythe de Jason ravissant la toison d'or. Quant à moi, comme un idiot, j'ai levé le doigt, j'avais envie d'aller faire pipi, mais, mon geste ayant été mal interprété, je dus raconter l'histoire de Jason. Comme tu le devines aisément, j'ai pas mal inventé mais pourtant je me souvenais assez bien de l'affaire au point que j'ai pu rendre la trame du mythe de façon cohérente et correcte. Le très grand et méchant dragon, gardien de la toison d'or, qui crachait le feu par la bouche, et Jason qui, aidé par Médée, jeta une pierre au milieu des soldats, nés autrefois de dents semées en terre, et qui s'entretuèrent jusqu'au dernier, Jason donc fut assez chanceux pour se saisir de la toison d'or. Mais au même moment, alors que je mettais un terme à l'histoire, j'ai dit que « tant qu'à faire de bien terminer mon récit, il aurait mieux vallu que je me rappellasse ce qu'il avait fait de la toison ». « Fieffé coquin, tu viens de faire un solécisme ! » dit le maître à ce point courroucé que Sénèque aurait pu le proposer comme exemple dans son traité sur la colère. « Ce n'est pas de bon usage que de dire « Tant qu'à faire de bien terminer... » Plus correctement, tu aurais dû dire « À tant faire que bien terminer... »
Le jeu de mot est intraduisible en français : de vellere (au sujet de la toison) et devellere (épiler, arracher, ôter). Aussi, en français, est-ce un autre solécisme que Cucullus réalise. Un solécisme que tout le monde fait, bien sûr, mais que Grevisse condamne dans son livre Le français correct. Pour les non-initiés à la syntaxe latine le verbe facere en bon latin ne gère pas un verbe à l'infinitif. En français, c'est la règle : on fait faire, on fait parler, on fait rêver... en latin ces tournures sont dites des gallicismes et sont impitoyablement corrigées. En fait, Cucullus dit facere de vellere : il n'y a pas de verbe, il emploie vellus, velleris pour dire « toison » où le prof avait employé pellis, le mot exact d'ailleurs pour la toison d'or aurata pellis. Le professeur comprend donc pour de vellere le verbe devellere à l'infinitif après fecit, d'où sa colère syntaxique.
Barbatulus. — Nunc est nimius calor quem meteorologi caniculam nominant !
Joculus. — Meteorologi alea ludunt ?
Barbatulus. — Minime gentium ! Jam tempestatem sine alea praevidere possunt.
Joculus. — Ecquid de hac canicula ?
Barbatulus. — Ad hanc bibendo me munio et immoderate !
Joculus. — Cave ne robigine squaleas !
Barbatulus. — Itaque non aquam at vinum immoderate bibo !
Barbatulus. — Ça y est, voici la chaleur extrême que les météorologues appellent canicule !
Joculus. — Les météorologues jouent aux dés ?
Barbatulus. — Meuh non ! Ils peuvent prévoir le temps sans hasard.
Joculus. — Quid de cette canicule ?
Barbatulus. — Je m'en protège en buvant et sans modération !
Joculus. — Fais gaffe de ne pas rouiller !
Barbatulus. — C'est pourquoi je bois sans modération non pas de l'eau mais du vin !
Joculus. — Quo, mi Cuculle, tam propere properas ?
Cucullus. — Ad judices ! Scelestus pistor meus panem nimium magno vendit ! Istum reum faciam.
Joculus. — Reus ex farina...
Joculus. — Où te hâtes-tu si vite, mon bon Cucullus ?
Cucullus. — Au tribunal ! Mon maudit boulanger vend son pain trop cher ! Je vais l'accuser.
Joculus. — Un accusé sorti de la farine...
Thomas alumnus, sex annos natus, et Cuculli frater natu minor magistrae ludi rogat nonne auditione exacta cum ea colloqui fas sit. Quae magistra consentit.
Magistra. — Quid me vis, Thomas ?
Thomas. — Sollertior quam ut in hac schola maneam esse videor itaque me auditionum tuarum taedet atque recta in Lyceum transire velim.
Scholae rector jam certior fit et ex Thoma quaerit num se rerum notitiis experiri bene velit. Ut Thomas sine mora consentit, scholae rector eum experiri coepit.
Scholae rector. — Agedum, Thoma, quae sunt ter quaterna ?
Thomas. — Duodecim !
Scholae rector. — Quae sex sena ?
Thomas. — Triginta et sex, domine rector !
Scholae rector. — Quod est caput Japonicum ?
Thomas. — Tokyum.
Cum semihoram experiatur Thomas non se fallit. Experimentis exactis, scholae rector contentus est et magistra ipsa quaerit num invicem eum experiri possit. Uterque consentiunt et magistra coepit.
Magistra. — Agedum Thoma ! Bos quattuor habet sed ego duo habeo, quae sunt ?
Thomas. — Crura, domina.
Magistra. — Recte dixisti. Quae sunt in bracis tuis neque in meis ?
Scholae rector rogato stupescit...
Thomas. — Sinus, domina.
Magistra. — Quo in loco mulieres crispissimae sunt ?
Thomas. — In Africa, domina, sine ulla dubitatione puer respondit.
Magistra. — Quid est molle sed inter manus mulierum durescat ?
Cum scholae rector magnos oculos diducat Thomas respondit :
Thomas. — Unguedo unguium, domina.
Magistra. — Quae in mediis membris inferioribus et viri et mulieres habemus ?
Thomas. — Genua !
Magistra. — Optime. Quid nuptae quam caelibi mulieri est latius ?
Scholae rector non auribus credit !
Thomas. — Cubile, domina.
Magistra. — Quae corporis mei pars saepe humidissima est ?
Thomas. — Lingua tua, domina.
Magistra. — Quod verbum prima littera C aliquid designat quid aut humidum aud siccum esse possit et quod viri videre ament ?
Thomas. — Caelus est Thomas firmo animo dicit.
Scholae rector, dum anhelat et sicut Hercules laborans exsudat, ut experimento finis fiat jubet et clamat : Non in Lyceum te mittam sed recta in Universitatem ! Ego ipse, enim, plane hanc probationem male gesserem...
Thomas, six ans, le petit frère de Cucullus, demande à sa maîtresse s'il peut lui parler après le cours. Elle accepte.
La Maîtresse. — Alors, que veux-tu me dire, Thomas ?
Thomas. — Je pense être trop intelligent pour rester dans cette classe, je m'embête ! Je voudrais passer directement au Lycée.
Sur ce, le directeur informé, demande à Thomas s'il veut bien passer des tests. Thomas accepte sans hésiter et le directeur commence le test.
Le Directeur. — Voyons voir Thomas, 3 × 4 ?
Thomas. — Douze !
Le Directeur. — Et 6 × 6 ?
Thomas. — Trente-six, Monsieur le Directeur.
Le Directeur. — Capitale du Japon ?
Thomas. — Tokyo.
Le test continue pendant une demi-heure, Thomas ne fait aucune erreur ! À la fin du test, le directeur est satisfait mais la prof demande si elle peut à son tour lui poser des questions. Tous deux acceptent, et la prof commence.
La Maîtresse. — Bon Thomas ! La vache, elle en a 4 et moi j'en ai 2, qu'est ce que c'est ?
Thomas. — Les jambes, Madame.
La Maîtresse. — Correct. Qu'est-ce qu'on trouve dans tes pantalons et pas dans les miens ?
Le Directeur s'étonne de la question...
Thomas. — Des poches, Madame.
La Maîtresse. — Où est-ce que les femmes ont les poils les plus frisés ?
Thomas. — En Afrique Madame, répond le gamin sans hésiter.
La Maîtresse. — Qu'est-ce qui est mou mais qui, aux mains d'une femme, devient dur ?
Le Directeur ouvre grands les yeux mais Thomas répond :
Thomas. — Le vernis à ongles, Madame.
La Maîtresse. — Qu'est-ce que les hommes et nous les femmes, nous avons au milieu des jambes ?
Thomas. — Les genoux !
La Maîtresse. — Bien. Et qu'est-ce qu'une femme mariée a de plus large qu'une femme célibataire ?
Le Directeur n'en croit pas ses oreilles !
Thomas. — Le lit, Madame.
La Maîtresse. — Quelle est la partie de mon corps qui est souvent la plus humide ?
Thomas. — Votre langue, Madame.
La Maîtresse. — Quel mot commençant par la lettre « c » désigne quelque chose qui peut être humide ou sec et que les hommes aiment regarder ?
Thomas. — Le ciel ! affirme Thomas.
Le Directeur soufflant, transpirant comme Hercule à la tâche, décide d'arrêter le test et s'exclame : Ce n'est pas au lycée que je vais t'envoyer mais directement à l'université ! Même moi, je l'aurais complètement raté ce test...
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