L'épilé Chrestus

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Un truculent poème de Martial se voit traduit en alexandrins sans rimes et vers à vers par Caligula mais sans le talent de notre regretté Henri Tournier. Puis Iulia nous offre aussi une traduction versifiée.

L'épilé Chrestus

Cum depilatos, Chreste, coleos portes
Et uulturino mentulam parem collo
Et prostitutis leuius caput culis,
Nec uiuat ullus in tuo pilus crure,
Purgentque saeuae cana labra uolsellae ;
Curios, Camillos, Quintios, Numas, Ancos,
Et quidquid unquam legimus pilosorum
Loqueris sonasque grandibus minax uerbis,
Et cum theatris saeculoque rixaris.
Occurrit aliquis inter ista si draucus,
Iam paedagogo liberatus et cuius
Refibulauit turgidum fauer penem,
Nutu uocatum ducis et pudet fari
Catoniana, Chreste, quod facis lingua.

Martial, IX, 27

Chrestus, alors que tu as épilé tes couilles
Et que ta mentule est comme un cou de vautour
Et ton crâne plus doux que le cul d'un mignon,
Et qu'aucun poil ne pousse à ta paire de jambes,
Et qu'un cruel rasoir polit tes lèvres blanches ;
Les Cure, les Camille, Anque, Numa et Quinte,
Et tous les vieux héros que nous savons poilus
Tu les cites avec rage et grandiloquence
Et tu blâmes partout le théâtre et le siècle.
Si d'aventure un drauque, au milieu de tes blâmes,
Paraît par devant toi libre de pédagogue
Et dont le forgeron défibula la queue
D'un clin d'œil tu le prends à part et j'ai bien honte
De dire ce que fait ta langue de Caton.

Traduction de Caligula

 

Le drauque était un homosexuel actif, jeune et en général bien outillé, que se payaient des hommes plus vieux et plus passifs. Voir à ce sujet la Jocus De nono gallo per trinum nundinum.

 

Tu trimballes, Chrestus, des couilles épilées
Et ta bitte est pelée comme un cou de vautour,
Ton crâne est plus poli que le cul d'un mignon,
Aucun poil ne se risque à pousser sur ta cuisse,
La pince impitoyable épile net tes lèvres :
Et pourtant les Curius, les Camille, les Quinte
Les Numa, les Ancus, toute la gent barbue
Tu ne parles que d'eux et tu fais la morale
En termes menaçants, vouant aux gémonies
Le théâtre et le siècle.
Mais que, sur ces propos, s'avance un enculeur
Émancipé déjà et dont le forgeron
A libéré de la fibule le pénis :
D'un signe tu l'appelles et je rougis de dire
À quoi s'affaire alors ta langue de Caton.

Traduction de Iulia

 

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