La réminiscence des Anciens ♥

Et enfin, une sélection de plaisantes créations latines et hellènes pour notre plus grand plaisir.
 

Ugo Bratelli nous propose un petit divertissement :

« — Tes fora languissent. Reconnaîtras-tu enfin que les Lettres anciennes n'intéressent plus guère de monde ? Une élite sans doute, et qui se lasse. N'est-ce pas reposant, n'est-ce pas juste, un peu de calme, après tant de logorrhée ?

— Oh, mais, redis-le, barbare !

— Je dis que, d'un accord tacite, les anciens se sont tus ; en se taisant, ils ont tué la poésie. Et si ode rime avec antipode, comment ne pas s'éloigner, préférer le murmure du vent dans les pins ? Dare-dare, donne-moi une raison de me fier encore aux morts que l'on évoquait naguère. Allez, ce ne sera pas trop tôt ! Vide ton cœur.

— L'avenir prend appui sur le passé. Textes et statues pèsent sur mon présent. Ils dirigent mon regard, et guident ma main.

— Ah ! Extra ! Extra ! Bon, mais ces arts sont révolus ! Tu ferais mieux de réfléchir, ou bien de te taire : tu lies un mot à un autre mot, tu crées ainsi une rime plaisante, et tu imagines d'entrer dans le monde des rois ou des héros. Dote-toi des vraies valeurs de ton époque : l'argent, le verre et le béton.

— Ô race abandonnée des dieux ! Pour pareille ineptie, as-tu beaucoup sué ? Ton éloquence tombe à plat ; ton avenir se compromet de minute en minute.

— Mais toi tu trembles ! Qu'as-tu ? Le propos t'incommode... Il dit la vérité.

— Non. La jeunesse te trouble, t'aveugle. Un jour tu comprendras. Mieux vaut plus tard que jamais.

— Celui-là est facile !

— J'en conviens. Cicéron l'est tout autant, sinon plus ; et je n'ai pas cédé.

— Tu es tel le roseau : il plie, ne...

— Je sais la suite. Vois comme toi-même tu es fait de ces morts.

— Sans doute. Il faut bien s'occuper en les occupant. Seize fantômes nous ont accompagnés. Je les salue.

— Non. Nos esprits sont intacts. Ils sont dix-sept à présent. Adieu. »

Le but de ce jeu, confectionné pour notre plus grand plaisir par Ugo alors qu'il était dans une salle d'attente où l'attente se prolongeait anormalement, est de retrouver quels sont ces dix-septs Anciens cachés dans le texte. Ce genre de mots dissimulés s'appelle « bouts reliés ». Georges Perec a employé le procédé dans la Vie, mode d'emploi : les noms de tous les auteurs de l'OuLiPo sont présents dans ce roman par le biais de ces métanalyses qui ressemblent aux rébus. Il est alors appelé « noms cachés ». Ce sont des espèces d'anagrammes, d'un genre un peu particulier : Ferdinand de Saussure en a étudié de nombreux, auxquels il donne divers noms : hypogrammes, syllabogrammes, polyphones ou mannequins.

C'est bon ? Vous les avez trouvés ? Les dix-sept « fantômes » qui se cachent dans le texte sont par ordre d'apparition à l'écran :
Justin, Homère, Tacite, Hésiode, Pindare, Ovide, Strabon, César, Tertullien, Hérodote, Horace, Suétone, Platon, Catulle, Plutarque, Pline et Nonnos.

Encore merci Ugo !

Alexandre Garcia, Hécate, Jean Martin et Télésilla ont tenté de découvrir ces dix-septs illustres personnages tandis que DB, Dominique Didier, Iulius et Métrodore se sont interrogés sur le nom qu'il faut conférer à cette truculence d'Ugo.

 

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