Odes – Livre IV

Les magnifiques vers d'Horace sont traduits par les participants des forums de langues anciennes.
 

Ad Torquatum

Ad Torquatum

Diffugere niues, redeunt iam gramina campis
     Arboribusque comae ;
Mutat terra uices et decrescentia ripas
     Flumina praetereunt ;
Gratia cum Nymphis geminisque sororibus audet
     Ducere nuda choros.
Inmortalia ne speres, monet annus et almum
     Quae rapit hora diem.
Frigora mitescunt Zephyris, uer proterit aestas,
     Interitura simul
Pomifer autumnus fruges effuderit, et mox
     Bruma recurrit iners.
Damna tamen celeres reparant caelestia lunae :
     Nos ubi decidimus
Quo pater Aeneas, quo diues Tullus et Ancus,
     Puluis et umbra sumus.
Quis scit an adiciant hodiernae crastina summae
     Tempora di superi ?
Cuncta manus auidas fugient heredis, amico
     Quae dederis animo.
Cum semel occideris et de te splendida Minos
     Fecerit arbitria,
Non, Torquate, genus, non te facundia, non te
     Restituet pietas ;
Infernis neque enim tenebris Dianam pudicum
     Liberat Hippolytum,
Nec Lethaea ualet Theseus abrumpere caro
     Vincula Pirithoo.

Horace, Odes, IV, VII, en premiers mètres archiloquiens

À Torquatus

Les neiges ont fondu, l'herbe revient aux champs
     Et les arbres s'habillent
La terre se transforme et le fleuve en décrue
     A retrouvé son cours
Nue, la Grâce et ses sœurs, accompagnée des Nymphes,
     Ose mener la danse.
Le temps, et l'heure au jour fatale te dissuadent
     De rêver d'éternel.
Le froid mollit au vent ; le printemps est chassé
     Par l'été qui mourra
Quand l'automne aux beaux fruits répandra ses moissons
     Jusqu'à l'hiver stérile.
Pourtant le cours des mois répare ces outrages :
     Mais nous, nous descendons
Où sont Énée, Ancus et le riche Tullus,
     Ombre vaine et poussière.
Dieu ajoutera-t-il à notre vie présente
     Les instants de demain ?
Ils n'auront pas, tes héritiers aux mains avides,
     Ce dont tu as joui.
Lorsqu'à ta mort Minos aura fait retentir
     Son avis solennel,
Éloquence, vertu, noblesse, ô Torquatus
     Rien ne te sauvera ;
Des Enfers ténébreux Diane n'a pu sortir
     Le pudique Hippolyte ;
Thésée n'a pu briser les chaînes infernales
     De son cher Pirithos.

Traduction de Henri Tournier

 

 

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