De rerum natura – Liber I (v. 1-49)

Document PDF à téléchargerL'immarcescible œuvre philosophique de Lucrèce est traduite par les participants des forums de langues anciennes. Notons que la remarquable traduction en alexandrins et les commentaires des chants III et IV sont l'œuvre d'Ariel Suhamy, de pseudonyme Métrodore (adresse : metrodore chez free point fr) ; c'est sa version initiale, postée dans les forums, qui est présentée ci-dessous.
Quant aux versions les plus à jour et les plus abouties de sa traduction versifiée du chant III et de celle du chant IV, elles sont disponibles dans un document PDF PDF pour en faciliter la consultation et l'impression.
 

Métrodore nous traduit le début du chant I en alexandrins, vers pour vers.

De rerum natura

Aeneadum genetrix, hominum divomque voluptas,
Alma Venus, caeli subter labentia signa
Quae mare navigerum, quae terras frugiferentis
Concelebras, per te quoniam genus omne animantum
Concipitur visitque exortum lumina solis :
Te, dea, te fugiunt venti, te nubila caeli
Adventumque tuum, tibi suavis daedala tellus
Summittit flores, tibi rident aequora ponti
Placatumque nitet diffuso lumine caelum.

Nam simul ac species patefactast verna diei
Et reserata viget genitabilis aura favoni,
Aeriae primum volucris te, diva, tuumque
Significant initum perculsae corda tua vi.
Inde ferae pecudes persultant pabula laeta
Et rapidos tranant amnis : ita capta lepore
Te sequitur cupide quo quamque inducere pergis.
Denique per maria ac montis fluviosque rapacis
Frondiferasque domos avium camposque virentis
Omnibus incutiens blandum per pectora amorem
Efficis ut cupide generatim saecla propagent.

Quae quoniam rerum naturam sola gubernas
Nec sine te quicquam dias in luminis oras
Exoritur neque fit laetum neque amabile quicquam,
Te sociam studeo scribendis versibus esse,
Quos ego de rerum natura pangere conor
Memmiadae nostro, quem tu, dea, tempore in omni
Omnibus ornatum voluisti excellere rebus.

Quo magis aeternum da dictis, diva, leporem.
Effice ut interea fera moenera militiai
Per maria ac terras omnis sopita quiescant ;
Nam tu sola potes tranquilla pace iuvare
Mortalis, quoniam belli fera moenera Mavors
Armipotens regit, in gremium qui saepe tuum se
Reiicit aeterno devictus vulnere amoris,
Atque ita suspiciens tereti cervice reposta
Pascit amore avidos inhians in te, dea, visus
Eque tuo pendet resupini spiritus ore.

Hunc tu, diva, tuo recubantem corpore sancto
Circum fusa super, suavis ex ore loquellas
Funde petens placidam Romanis, incluta, pacem ;
Nam neque nos agere hoc patriai tempore iniquo
Possumus aequo animo nec Memmi clara propago
Talibus in rebus communi desse saluti.

Omnis enim per se divum natura necessest
Immortali aevo summa cum pace fruatur
Semota ab nostris rebus seiunctaque longe ;
Nam privata dolore omni, privata periclis,
Ipsa suis pollens opibus, nihil indiga nostri,
Nec bene promeritis capitur nec tangitur ira.

Lucrèce, I

Alme Vénus, plaisir des hommes et des dieux,
Mère des Romains, qui sous les astres glissants,
Peuples l'eau navigable et les terres fertiles,
Puisque c'est grâce à toi qu'est conçu tout vivant
Et qu'il voit en naissant les rayons du soleil,
C'est toi, déesse, toi que les vents fuient : tu viens,
Les nuages s'en vont, la terre industrieuse
Met des fleurs sous tes pas, l'océan te sourit,
Et le ciel apaisé diffuse son éclat.

Car dès que le printemps a montré son visage,
Et qu'affranchi, forcit le fécondant zéphir,
Tout d'abord les oiseaux annoncent ta venue,
Ô Déesse, le cœur frappé par ta puissance ;
Puis, fauves et troupeaux bondissent des pâtures,
Fendent les vifs courants, si captifs de ton charme
Qu'ils brûlent de te suivre où tu mènes chacun.
Enfin à travers mers, monts et fleuves voraces,
Aux nids feuillus d'oiseaux, dans les champs verdoyants,
Plantant au cœur de tous un amour caressant,
Tu transmets le désir de propager l'espèce.

Puisque toi seule tu gouvernes la nature,
Que sans toi rien ne monte aux bords divins du jour,
Ni rien ne s'accomplit de joyeux ni d'aimable,
C'est toi que je voudrais allier à ces vers
Que je m'applique à composer sur la nature
Pour le cher Memmius, que toujours tu voulus,
Déesse, voir paré des plus hautes vertus.

Donne donc à mes vers une grâce éternelle :
Et fais que les travaux barbares des armées
S'assoupissent partout sur terres et sur mers.
Toi seule peux combler de la paix les mortels :
Car ces affreux travaux, Mars puissant par les armes
Les régit, qui souvent sur ton giron retombe,
Vaincu par la blessure éternelle d'amour :
Les yeux levés vers toi, tournant sa nuque ronde
Et repaissant d'amour ses avides regards,
Il suspend, ô Déesse, à tes lèvres son souffle.

Quand sur ton corps sacré, Divine, il se repose,
Illustre, enlace-le, puis doucement demande
En faveur des Romains le calme de la paix.
Car en ces temps d'iniquité pour la patrie,
Je ne puis l'âme égale œuvrer, ni Memmius
Déroger à sa race et au salut commun.

La nature des dieux doit jouir en effet
Tout entière et par soi de l'immortalité
Dans la suprême paix, bien loin de nos affaires :
Sans la moindre douleur, sans le moindre danger,
Sans nul besoin de nous, forte de ses ressources,
Ni les bienfaits, ni la colère ne la touchent.

Traduction de Métrodore

 

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