Les années bissextiles

La connaissance d'éléments de civilisation antique permet de mieux comprendre la culture antique et par là même, la nôtre.
 

Les Romains comptaient les jours à rebours à partir de trois jours fixes : Kalendes, Nones et Ides. C'est pourquoi le fait de donner un quantième sous-entend automatiquement « avant » ces jours fixes. D'ailleurs, l'expression ante diem est occultée dans les Annales de Tacite (VI, 25) ou dans Ad Atticum de Cicéron (XI, 23, 2). Dans le décompte, les deux extrêmes de l'intervalle sont inclus. Nous comprenons donc mieux le compte à rebours lors d'une année bissextile où Bis sextum kalendas Martias est le 24 février et Sextum kalendas Martias est le jour suivant, c'est-à-dire le 25 février.

La place du jour supplémentaire qui revient tous les quatre ans n'est pas due au hasard dans le calendrier romain. Pour les modernes, c'est facile : il suffit de faire tous les quatre ans un mois de février de 29 jours au lieu de 28 jours ; mais les Anciens ne pouvaient pas faire cette manipulation. Le mois de février faisait toujours 28 jours, d'où l'idée de « bisser » un jour.

Ce jour n'a toutefois pas été bissé au hasard. Avant la réforme julienne, les Romains incluaient un « mois » de 22 ou 23 jours tous les deux ans, quand le système était suivi par les Pontifes, pour retomber sur les 365,25 jours solaires. Mais ce calendrier, dit de Numa, se déréglait durant les guerres civiles, périodes pendant lesquelles les Pontifes négligeaient leurs fonctions. Ce mois intercalaire se nommait mensis intercalarius ou mercedonius et commençait après le jour des Terminalia, le VII Kal. Martias (23 février).

Le jour supplémentaire prit donc cette place tous les quatre ans puisque le calendrier romain est calculé à rebours. Il reçut le nom de Bis sextum Kalendas Martias pour que, en comptant deux fois le sixième jour des calendes de mars, le décompte spécieux du mois sacré qu'était février ne fût pas perturbé en créant un bizarre XVII Kal. Martias pour l'occasion quadriennale.

À ce propos, si l'on prend comme date de départ le 24 février, c'est-à-dire le VI Kal. Martias – dit le Regifugium –, nous trouvons un autre argument pour placer le Bis sextum Kal. Mar. avant le sextum Kal. Mar., qui est le premier jour du nouvel an post reges exactos, alors que le Bis sextum Kal. Mar. est bien le dernier jour d'une année bissextile comptée depuis la fuite des rois.

Il faut donc lire au cours des années bissextiles :

Caligula répondant à une question de Iulius.

 

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