Res Gestae

La connaissance d'éléments de civilisation antique permet de mieux comprendre la culture antique et par là même, la nôtre.
 

Un an avant sa mort, le 19 août 14 – quatorzième jour avant les Calendes de Septembre –, Auguste avait confié en dépôt aux Vestales quatre documents scellés :

Les Res Gestae sont le troisième document. Ce nom provient de Suétone puisqu'il en fait mention dans le paragraphe 101 de La Vie du Divin Auguste. Ce résumé de ses actions fut effectivement gravé non seulement à Rome même, sur deux tables de bronze fixées à des piliers devant le Mausolée d'Auguste – actuellement en cours de restauration –, mais aussi dans les provinces. C'est de celle de Galatie, en Asie Mineure, que provient la copie qui sert aujourd'hui de base aux éditions du texte, évidemment bilingue latin-grec puisqu'il s'agit de la partie orientale de l'empire. Elle a été découverte en 1555 à Ancyre (Ankara) par Augier Ghislain de Busbecq, un humaniste et diplomate français chargé par l'empereur Ferdinand d'une ambassade auprès de Soliman. Cet homme curieux de tout – il a en effet ramené en Europe la tulipe et le chat angora – raconte ses voyages dans quatre superbes lettres. Au cours d'une promenade le long d'un temple de Rome et d'Auguste reconverti en mosquée, il découvrit ces caractères grecs. Des fragments d'autres copies furent depuis découverts à Apollonie de Pisidie (1930) et surtout à Antioche (1914-1924).

Sous le consulat de Lucius Plancus et Caius Silius, le troisième jour avant les Nones d'Avril de l'an DCCLXVI, le divin Auguste livre aux Vestales ces Res Gestae, ou « Actions Accomplies » en deux livres. Auguste a en effet lui-même établi le bilan de son action, chapitre par chapitre, en justifiant toute la politique qu'il a mise en place. C'est donc en quelque sorte son testament politique. Il prône d'ailleurs sa probité du moment qu'il gouverna en permanence légalement. Sa devise de cura morum annonaeque et son auctoritas lui valent le vrai titre de princeps, c'est-à-dire le premier citoyen, titre qui fut celui du régime qu'il mena : le « principat ».
La reconstitution du niveau social des citoyens selon le census peut être établie à partir du recensement effectué en 14 et retranscrit dans les Res Gestae. C'est une précieuse information sur l'extension de la ciuitas Romana de 130 000 personnes en l'an 500 avant J.-C. jusques à près de 5 000 000 en 14 sous Auguste.

Auguste demanda de graver devant son Mauselée, au Champ-de-Mars, sur des tables de bronze le résumé de l'œuvre qu'il avait accomplie. Ces tables de bronze à Rome ont disparu depuis un bon moment, mais plusieurs copies furent réalisées et affichées sur les murs de nombreux temples dédiés à Auguste dans l'Empire entier. Trois copies ont pour l'instant été retrouvées : une en Asie Mineure, une autre en Syrie et celle qui comporte la plus grande partie du texte initial dans le Monumentum Ancyranum, c'est-à-dire dans temple de Rome et d'Auguste à Ancyre (Ankara). Les deux tables retrouvées à Ancyre sont hautes de 2,70 mètres, longues de 4 mètres et comportent six pages d'une cinquantaine de lignes d'une soixantaine de caractères chacune environ. Tandis que ce dernier texte est en sus accompagné d'une traduction en langue grecque, ce qui permit de le reconstituer en le complétant, les deux autres sont à l'état fragmentaire.

Il va de soi que ce « testament » politique est avant tout une œuvre de propagande qui couvre toutes les exactions et horreurs que fit Auguste pour donner à son régime un semblant de constitutionnalité.

Caligula, C. Pompeius Trimalchio, Grégory et Iulius répondant à une question de Franed.

 

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