Histoire de navires

La connaissance d'éléments de civilisation antique permet de mieux comprendre la culture antique et par là même, la nôtre.
 

Parlons un peu de marine et de navires. À la différence des vaisseaux ronds de commerce, les navires de guerre sont longs : ce sont les naues longae. Les mots latins triremis, quadriremis et quinqueremis présentent des bateaux de guerre antiques qui, selon le Gaffiot, seraient de trois rangs de rames, quatre rangs de rames, cinq rangs de rames...

Tout cela semble fantaisiste et grossier. C'est même idiot et techniquement impossible. Que penser du navire de Cléopâtre qui était une decemremis !?! Gaffiot, imperturbable, propose dix rangs de rames ! Imaginons seulement les rameurs de la dixième rangée plus hauts que le pont, nécessairement, maniant chacun une rame d'une telle longueur pour battre les flots que leur boulot serait un véritable enfer. C'est ridicule ! Au-delà de trois rangées de rameurs superposées, nous assisterions en effet à une impossibilité technique.

Les trirèmes ne devaient donc pas être des vaisseaux de trois rangs de rames, mais des vaisseaux dont chaque rame étaient maniées par trois rameurs. Ainsi, plus il y a de rameurs attachés à une rame, plus le bateau fonce sur les flots.
Nous pouvons aussi imaginer qu'une quadrirème pouvait présenter soit une chiourme – l'ensemble des rameurs d'une galère – sur quatre rangs par rames de chaque côté de la coque, soit deux rangs de rames superposés avec deux rameurs par rame. Et ainsi de suite...

Toutefois, l'un n'empêche pas forcément l'autre. Il semble probable que les deux se soient combinés car la vitesse était une arme souvent décisive, question de vie ou de mort. La course au nombre de rames n'avait pas de raison de s'arrêter à l'une ou l'autre solution.

Dans les Problèmes de la guerre en Grèce ancienne de Vernant, Taillardat écrivit dans un article sur la trière athénienne et la guerre sur mer qu'il n'y a qu'un seul homme par aviron, ce qui exclut d'emblée toute vogue a scaloccio – plusieurs hommes manœuvrant le même aviron. Les trois rangs de rameurs sont, de haut en bas :

L'équipage d'une trière comprend, outre les 170 rameurs, un état-major, des marins et 10 hoplites, soit au total 200 hommes. C'est donc que l'espace disponible par homme est extraordinairement restreint. Les rameurs sont assis l'un au dessus de l'autre à si courte distance que les poètes comiques ne manquent pas d'en plaisanter : « on peut péter dans la bouche du thalamite et faire ses besoins sur son copain » au dire d'un personnage d'Aristophane dans les Grenouilles.
Ce sacrifice du confort a pour contrepartie une mobilité optimale. La trière peut atteindre des pointes de vitesse estimées à une dizaine de nœuds. Ces hautes performances sont rendues possibles par la légèreté du vaisseau, par son fond plat et par le rapport très favorable établi entre la force de propulsion et le tonnage déplacé.
Les rames dépassent peu de la coque afin d'éviter la manœuvre meurtrière qui consiste à longer la trière adverse en cassant ses rames puis à virer pour éperonner la trière ainsi désemparée.

Or, si nous prenons la triacontère, le professeur Pessonneaux dit que c'est une galère à trente rames à chaque bord. L'historien Hammond la décrit comme possédant deux rangs de quinze rameurs. Alors, 60 ou 30 rameurs ? Quel brûlant problème !

Dans le livre Les navires de combat à travers les âges, Bathe nous apprend que « certains experts pensent que le terme « rèmes » n'a rien à voir avec les rangées de rames utilisées à différentes hauteurs au-dessus de l'eau ; en réalité, il s'agirait tout simplement d'hommes par rame ou par paire de rames. »

Ainsi, tout le problème provient du fait que l'utilisation de trières s'est arrêtée au IVe siècle, après la défaite de Licinius, d'où nous ne savons plus comment les construire.

Caligula, Hope I die before I get old, Iulius, Jean Colinas et Michaella (Brashbey).

 

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